Psychomotricité petite enfance

Le dialogue tonico-émotionnel

Vous êtes détendu, votre enfant l’est aussi. Vous êtes énervé, il est énervé, ça vous énerve et ainsi de suite. Ça vous parle ?

Le dialogue tonico-émotionnel, c’est comment notre corps diffuse nos émotions dans l’échange avec l’autre. Ce n’est pas quelque chose qui se dit. Cela se vit.

Reprenons depuis le début. Le tonus, c’est l’état de tension des muscles. Certaines personnes sont de base plus toniques que d’autres (hypertonie versus hypotonie pour les extrêmes), mais notre tonus varie aussi en fonction de notre état émotionnel et cela se traduit dans notre corps. On est stressé, tendu, on va avoir tendance à garder nos épaules relevées, notre respiration coupée, une démarche rapide : on a un tonus haut. A l’inverse, imaginez un adolescent avachi sur le canapé, son corps très détendu, la voix trainante (cliché ?!) : son tonus est bas.

Lorsqu’on se trouve en présence d’un autre que soi, même sans parler, on communique. Parfois, souvent, sans même s’en rendre compte. Nos émotions sont véhiculées par notre corps et disent des choses de nous, via le dialogue tonico-émotionnel. Je vous ai évoqué deux situations plutôt facilement identifiables, mais il existe multitude de variations toniques, en fonction des moments de la journée et de notre état émotionnel. Tout cela est d’ailleurs plus ou moins conscient.

J’ai déjà évoqué dans un précédent article le fait que le bébé/l’enfant est une éponge à émotions. Il perçoit bien plus que les mots qu’on lui dit. L’enfant va percevoir l’état tonique de celui qui est avec lui, encore plus de celui qui le porte. Il va intégrer dans son corps ces différents états toniques en les associant à ce qu’il ressent et aux mots qu’on peut mettre sur ses propres émotions. C’est ainsi qu’il va construire une partie de sa structure corporelle. Si nous sommes inquiets, anxieux, énervés, l’enfant va percevoir ces émotions et cela va influer son comportement. On observe alors un enfant agité, qui s’énerve pour rien, sensible à tout. Cela marche également à l’inverse, l’adulte va aussi recevoir et être impacté par les émotions de l’enfant.

On dit parfois “il y a de la tension dans l’air”. Pour ma part, je suis très sensible à ça. Je n’aime pas du tout lorsque l’ambiance est tendue et moi-même cela me rend tendue, je fais tout vite, je m’énerve au moindre truc qui va de travers. Alors pour un enfant qui n’a pas la capacité de prendre du recul sur ce qu’il vit, d’intellectualiser tout ça ?

De notre côté, nous pouvons déjà faire la part des choses : qu’est-ce que je ressens, qu’est-ce que je renvoie à l’autre, est-ce que son attitude vient de ce qu’il perçoit de moi ? Ce n’est pas facile sur le moment de prendre ce recul mais c’est important de pouvoir prendre conscience de ses propres émotions et de faire le tri pour ne pas les projeter sur l’enfant. De même, il va être important de pouvoir mettre des mots sur ce qui est vécu, sur les émotions qui se diffusent. Pouvoir vous poser avec votre enfant, et lui expliquer. Même s’il ne comprend pas tout, parfois le simple fait d’être attentif à ce qu’il vit pose les choses. Lorsque c’est l’enfant qui vit une émotion dite “négative” (colère, tristesse, peur), nous pouvons nous servir de ce dialogue tonico-émotionnel pour l’aider à passer ce moment difficile. En nous montrant nous-même calmes, rassurants, enveloppants, on accueille ses émotions et notre comportement l’aide à s’apaiser.

Le dialogue tonico-émotionnel, ça marche aussi avec les émotions positives ! Souriez, riez, mettez de la joie autour de vous, et vous verrez que vous recevrez en retour bien plus que cela !

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